IA, y es-tu ?
- Lucile
- 8 oct. 2024
- 2 min de lecture

Grand méchant loup pour certains, bonne fée pour d’autres, l’intelligence artificielle
questionne les marques autant qu’elle les fascine. Mais que se passe t’il si la forge
est plus performante que le forgeron ?
À travers leurs dernières prouesses, Midjourney, Dall-E ou ChatGPT ont piqué au vif
la curiosité, si ce n’est l’orgueil, des créatifs. Quelques secondes leur suffisent pour
composer un visuel de toutes pièces ou débiter du texte au kilomètre. Une aubaine
pour un marché de la communication aussi gourmand qu’impatient. Mais ces
performances accessibles en quelques prompts servent-elles réellement les
marques ?
Comme à chaque fois qu’une technologie se dévoile, on se demande combien de
temps l’humanité restera pertinente. La nouveauté, c’est que les métiers du tertiaire
en général, et de la communication en particulier, ne craignaient pas d’être
remplacés par des «robots ». L’image peut faire sourire mais cette révolution, qui
n’en est qu’à ses balbutiements, porte déjà la promesse d’une transformation
profonde du secteur. D’une rapidité confondante et très simple d’utilisation, elle ont
créé la sensation pour celles et ceux qui ont pu les tester, avant que les serveurs ne
croulent sous les demandes d’accès.
Cependant, aussi impressionnante soit-elle, l’intelligence artificielle reste un outil. Sa
particularité, très séduisante, c’est de transformer tous ses utilisateurs en véritable
artisan. Du moins, en apparence. Si décrire l’objet de ses désirs suffit pour le voir
apparaitre, encore faut-il maitriser la formule magique. L’IA a beau démultiplier les
facultés créatives, elle ne peut pas (encore) simuler une idée. Sans savoir, sans
culture ou sans compétence, l’utilisateur moyen ne pourra générer qu’un résultat
lambda.
Dans le film I, Robot, inspiré de l’œuvre d’Isaac Asimov, le détective Spooner
provoque l’androïde Sonny en lui disant que jamais un robot ne pourra écrire une
symphonie ou peindre une œuvre d’art. Ce à quoi ce dernier répond « Et toi ? en es-
tu capable ? ». Mentaliser un concept, le décrire avec un vocabulaire suffisamment
riche, entretenir une volonté apprenante… ces qualités n’ont rien d’innées. Elles
demandent une certaine tournure d’esprit propres aux métiers créatifs. C’est en cela
que l’IA creusera l’écart entre les bons et les autres.
Pour les guider à travers ses nouveaux territoires, les marques ont besoin d’esprits
sensibles qui s’appuient sur ces nouveaux outils plutôt que de les craindre. Qui les
voient comme des auxiliaires et pas comme des suppléants. Plutôt que de se rendre
indispensable, l’innovation doit chercher à rendre du temps à ceux qui s’en
emparent. Du temps pour chercher dans ses références, se perdre dans ses
expériences et y trouver l’inattendu.
C’est peut-être là que réside le propre de l’homme, dans la singularité. L’IA se
perfectionne sur les requêtes qui lui sont faites le plus souvent. Ainsi, les
propositions les plus communes seront traitées plus efficacement. Un petit pas pour
l’homme vers une plus grande standardisation des identités de marques. Quand on
cultive la complexité au service de marques vivantes, on se doit de laisser de la
place aux nuances. Et s’il y a des fantômes dans la machine, il y a, avant tout, du
génie dans l’humain.
Publié dans CB News, tribune pour l'agence Be Dandy
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